Mi-décembre 2016, en réglant mon plein d’essence à la station Total d’une riche banlieue parisienne, je m’offusque devant la disparition des points cadeaux. L’employé d’origine africaine me répond : « Ah non, mon bon Monsieur, ça n'existe plus. C’est mort. Ya plus, depuis décembre, c’est mort ! »
« Mort ? Vraiment ? Ils ne vont pas se réincarner ?? » rétorquai-je narquois.
Sursaut du porteur de gilet rouge « Total » :
« Mais voyons Monsieur la réincarnation n’existe pas ! Les morts attendent leur résurrection avec le retour du Christ »
Comprenant que j’étais face à un fervent chrétien, j’abonde dans son sens non sans vouloir immiscer la possibilité d’une résurrection immédiate et récupérer mon ticket de carte bleue:
« Vraiment ? Vous croyez que tous nos défunts dorment en attendant le retour de Jésus?" et, bien que derrière moi une sorte de comtesse, en fourrure léopard et gants en cuir, commence déjà à grogner d'attendre pour acheter sa carte de lavage, je continue: "On ne doit pas rester au fond d'un trou. On doit avoir une continuation, une vie sur un autre plan. Comme pour tout le reste dans l’univers : la création de Dieu n’est jamais en repos.» Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase que la noble en peau de bête rugit :
« Mais comment ? Bien sûr que la réincarnation existe. Enfin, c’est une évidence. On ne compte plus les preuves ».
L’homme de couleur en prend quelques-unes de plus de colère :
« Non Madame ! C’est faux ! La réincarnation c’est mystique ! Seul le Christ nous sauvera.»
Voyant que l'orage ne tarderait pas à éclater entre eux, je me dirige vers la sortie et (tout en me disant qu'une fois de plus j'aurais mieux fait de me taire), je susurre courageusement un « mais le Christ nous a déjà sauvés, non ? » vite couvert par la shampouineuse de Jaguar : « enfin, voyons, la réincarnation est une évidence, je vous dis ! Tout le monde en parle, ya des livres, … » et, se sentant sortir de ses gonds (et de son rang), elle clôt par un méprisant : «Mais bon, ce n’est pas la peine que je discute. Quand on est borné, on le reste».
Face à ces deux croyances ancrées plus par choix que par raison, je pars définitivement non sans réussir ma sortie après avoir été l’instigateur de cette vive réflexion : « Madame, Monsieur, La paix du Christ. Et Joyeux Noël ! ».
« Joyeux Noël, Monsieur » me répondent-ils en chœur soudainement calmés, avec un grand sourire et des yeux d’enfants (… de chœur, justement).
Au moins l’esprit de Noël a été compris dans cette station-service.
Fasse le ciel qu’il en soit de même dans le monde.
A nous aussi de nous y mettre : « Aide-toi et le ciel t’aidera ».
La paix (comme le bonheur) c’est, avant même l’action, un état d’esprit, une pensée vigilante pour le bien… Agissons ensuite en fonction de nos possibilités et du moment. Aussi minime soit-il, même un sourire (avec le principe de l’effet papillon) doit bien éviter bons nombres de tragédies. Jésus disait « de tendre l’autre joue » (Matthieu 5 :39), n’ayons pas peur de « tendre les deux joues » c’est la meilleure façon pour sourire.
Sourions à la Vie, … Elle nous donnera certainement moins de coups !
Joyeux Noël à tous !
Yann-Erick
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